Alors comme ça, vous voulez être kiné ?
Bien. Commençons, si vous le voulez bien, par concéder votre défaite : comme la plupart d’entre nous, vous ne serez finalement ni pompier, ni chirurgien(ne) urgentiste. Vous n’aurez donc pas droit au bel uniforme clinquant, aux beaux camions, ni à de palpitants épisodes de séries télévisées sur votre quotidien professionnel. Vous ne serez pas non plus footballeurs professionnels, ni rock-stars : vous ne remplirez a priori pas les stades. Vous ne conduirez pas non plus de fusée sur la lune, ni de sous-marins vers le fond des océans. Vous ne dessinerez pas la plus haute tour du monde.
L’intention n’est d’ailleurs pas de vous saper le moral. En réalité, vous avez choisi un beau métier. Vous le savez sans doute, mais comme nous avons tous parfois besoin d’une dose concentrée de positivité concernant nos choix professionnels, voici de quoi vous rappeler (ou de quoi rappeler à votre entourage) que vous vous préparez à un métier de rêve. Si, si. De rêve.
1) Sans vous, on peut annuler les J.O.
Bon, peut-être pas vous personnellement. Mais sans les kinés en général, nos sportifs passeraient la moitié de leur carrière à soigner des blessures, ou ne se remettraient jamais de leurs tendinites. Qui, alors, remplirait ces fameux stades ? Leurs entraîneurs s’arracheraient les cheveux : une vision d’apocalypse. Plus grave encore, que deviendrait Nelson Monfort ? Dans vos moments de découragement, pensez-y.
2) Un quart d’heure de gloire est vite arrivé
Vous pourriez aussi vraiment vous retrouver à fréquenter de près et à travailler avec des sportifs de haut-niveau, si vous vous intéressez à ce domaine. Et entre nous, soigner un(e) athlète de haut niveau, c’est presqu’aussi sexy que d’en être un(e).
3) Vous serez en forme physiquement
Les cordonniers sont peut-être les plus mal chaussés, mais cela ne s’applique pas aux kinés. Car au delà des connaissances que vous pouvez appliquer à votre propre anatomie, la simple pratique de votre métier devrait contribuer à vous sculpter un corps sain. Manipuler le corps des autres, cela muscle, et devoir ses muscles à son métier, quel qu’il soit, c’est autrement plus sexy que de les devoir à la salle de sport du coin.
4) Vous savez.
Vous savez. Vous détenez la clé de certaines choses que la plupart des gens entre 26 et 75 ans, au moins, cherchent plus ou moins frénétiquement à savoir.
Vous savez, par exemple, pourquoi lorsque j’appuie sur un point situé entre ma tempe et le haut de mon front, mon aisselle gauche me pique. Ou, du moins, si vous ne le savez pas tout de suite, vous pourriez me l’expliquer. Vous savez aussi comment débloquer cette satanée vertèbre qui se recoince tout le temps alors que je ne lui ai rien fait, que mon vieux matelas est toujours épais d’au moins 10 centimètres (sur les côtés) et que mes chaussures de jogging ont à peine dix ans.
Dans cette époque où les gens courent partout (littéralement, parfois) à la recherche de leur corps, sportifs (du dimanche), yogis (du lundi), avaleurs de compléments alimentaires et de smoothies, lecteurs compulsifs de blogs de santé, vous, apprenti kiné, connaissez ou connaîtrez l’anatomie d’un corps humain, êtes ou serez capables de soigner des troubles invisibles et inaccessibles, et de livrer à certains d’entre nous les clés de notre propre corps. Faites en bon usage…
5) Vous savez masser
Vos mains en or sont convoitées, il ne vous reste plus qu’à apprendre à dire « non » aux demandes de massage non rémunérées.
6) Vous serez celui ou celle qu’on n’attendait plus
Kiné, un peu héros quand même? Oui. Vous savez comment les patients se recommandent parfois leurs soignants, à grand renfort de « c’est une merveille », « elle m’a libérée », « il a fait des miracles » ? C’est vrai aussi pour les kinés, qui peuvent être vu comme de véritable magiciens ou druides aux pouvoirs mystérieux. Petites entorses ou gros accidents, patients avec des pathologies chroniques et lourdes ou en phase terminale, enfants encore en train de grandir, adolescents qui découvrent tout juste qu’ils ont un corps, adultes qui doivent se le réinventer… Soulager une douleur et faire gagner en mobilité donne de la place à la vitalité, à la dignité et à l’espoir. Le travail que fait un kiné, patient et progressif, c’est le genre de travail qui fait tourner le monde, le genre de travail pour lequel on utilise toute sa tête.
En conclusion : si tout ça ne vous suffit pas pour vous lever le matin, on devrait pouvoir trouver des volontaires pour venir vous faire le café. Ce monde a besoin de vous !
Vous êtes déjà engagé professionnellement et souhaitez vous reconvertir pour devenir kiné ? Consultez notre guide sur le sujet !